Pensées,  Quotidien

La grâce du samedi

Un certain silence, ces matins-là, annonce
une différence.

Ceux qui ne dorment plus restent pourtant au chaud, au calme, dans le nid de leur lit. Ils lisent.
Ou rêvent, peut-être.

Le bruit léger de la bouilloire
qui prépare le plaisir – le soulagement –
du thé matinal.
L’écho bref des cuillères et des bols
sur le plateau du petit déjeuner.
Le parfum, banal et puissant,
du pain qui grille.

Samedi s’ouvre. Plein de promesses et de possibles.
Dès l’enfance, on en connaît la grâce.

Il n’a pas la solennité
du dimanche,
qui déjà sent la clôture
et porte son lot de chagrin
et de renoncements
– dès seize heures sonnées.
Non, samedi est léger, exaltant,
jusque dans
les petites choses.
Il nous promet
l’impossible,
nous laisse rêver
encore.

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