Sylvie D., Lyon
Sylvie, la jolie quarantaine, ouvre la porte. On entend chanter une petite cafetière italienne, tandis que l’air s’emplit du parfum, parfait à cette heure, d’un bon espresso…
Yeux de panthère, sourire immense et fossettes aux joues, pleine depuis toujours d’une joyeuse énergie,
Sylvie nous reçoit dans son appartement lyonnais pour nous raconter sa vie, son chez elle, ses rêves, ses projets.
Rencontre avec une personne (extra) ordinaire !
un lieu
Soixante mètres carrés inondés de soleil, au quatrième étage d’un vieil immeuble, dans le septième arrondissement de Lyon : voilà le lieu où vit Sylvie.
” Cet appartement est à l’image de la maison de mes parents. Je ne peux pas habiter dans du neuf. Cheminée, parquet, moulures au plafond : c’est là que je me sens chez moi. Pas pour des raisons esthétiques, mais sentimentales.”
La lumière feutrée dans de grands persiennes évoque un peu les villes du sud…
“C’est un peu le bric-à-brac, à part deux meubles que j’ai achetés et qui me font me sentir adulte (une table, et un canapé qui a remplacé un ensemble palette/matelas), tout le reste c’est de la récup’, des cadeaux. Je déteste le gaspillage. Je calcule en temps. Tel objet = tel temps de temps de travail pour l’obtenir. Ma maison ne doit pas être trop confortable, pour que je me sente obligée de sortir, pour ne pas devenir casanière. Mais elle doit en même temps être un lieu chaleureux, où l’on se sente en sécurité.”
un métier
Sylvie, programmatrice de cinéma, se définit comme une passeuse d’images entre des artistes et un public. Son travail, par le biais de la programmation bien sûr, mais surtout des animations en salle, c’est de donner la main au public.
« Je fais ce métier pour les 10 % du temps où je suis avec le public. C’est comme si tu faisais une fête chez toi tous les week-end. Tu rassembles des gens qui partagent, le temps d’une soirée, un espace commun, et un intérêt pour quelque chose. Tu imagines des jeux, des animations. C’est un temps de fête, et de découverte. »
Animer un cinéma, c’est aussi créer du lien avec d’autres structures, et se sentir impliqué dans la ville. C’est inviter des intervenants, le faire savoir.
un quotidien
Sylvie vit seule aujourd’hui. Elle consacre beaucoup de temps à ses amis et s’autorise les aventures que la vie lui offre… L’intérêt de la solitude, du célibat, pense-t-elle, c’est de s’éprouver et d’être libre – même si ce n’est pas nécessairement une fin en soi. Il peut être bon de trouver “l’âme soeur”, c’est à dire “la personne avec qui tu arrives à vivre, qui peut te pousser hors de tes retranchements tout en restant bienveillante – c’est aussi quelqu’un avec qui tu as envie de l’être…”
Pour l’instant, elle est à l’aise dans l’appartement acheté pour pouvoir accueillir des amis, vivre à deux peut-être un jour, ou envisager une forme de colocation.
“Souvent, je fais les choses jusqu’à épuisement : je travaille des heures et des heures d’affilée, puis je dors de la même manière. J’aime, ensuite, avoir le temps de cuisiner – ma recette préférée est celle du tajine de poulet au citron. J’aime couper, émincer. Et partager, ensuite.”
Côté argent, le point de vue de Sylvie est le suivant : c’est nécessaire, c’est confortable d’en avoir (suffisamment pour ne pas avoir à se poser de questions), mais c’est aussi un piège. Aujourd’hui, dit-elle, elle dépense beaucoup, elle ne fait plus attention, alors que qu’elle a vécu avec beaucoup moins…
des rêves
J’ai du mal à accepter l’autorité – c’est pour cela que mon rêve, sur le plan professionnel, c’est de créer mon propre espace culturel, qui soit à la fois un cinéma et un bar, un lieu d’échange et de musique. Sur une péniche, peut-être…
Mon rêve, à part celui-ci, ce serait de ne plus avoir à travailler tout en ayant de quoi voyager, et lire, lire, lire…
Mon lieu préféré : le jardin de mon père, au Portugal – lieu de communion avec la nature (à la fois chez toi et dans la nature), beau, plein de fleurs…
C’est un lieu où s’expriment la permanence et la renaissance.
Ma couleur préférée : le vert.
Ma boisson préférée : l’eau pétillante, le café, et, pour les alcools, un bon vin rouge – Saint Joseph ou Côtes Rôties.
eau pétillante